La violence, en plus d’être une forme de faiblesse selon Rocheteau, engendre la violence d’après Eschyle. En partant, évidemment, du principe qu’elle ne résout rien, comment est-elle devenue le moyen de la lutte contre le réchauffement climatique ?
Van Gogh, sans présumer de l'insignifiance de son empreinte carbone ou défendre son engagement écologique, porte assez mal le costume de bouc émissaire du réchauffement climatique. Pourtant, ce sont ses tournesols qu’est allée défier une soupe à la tomate justicière, en croisade contre l’industrie pétrolière. Pourquoi et pourquoi pas ?
Fondement
De manière plus générale, la légitimité de la violence s’articule à sa cause, autrement dit la violence peut sembler plus adaptée selon la croisade qu’elle fait profession de mener. Celle qui consisterait, et c’est parfaitement hypothétique, à casser la figure d’un automobiliste pour un clignotant actionné trop tard, paraîtrait farfelue. Il y a de plus mauvaises raisons d’être violent que le réchauffement climatique mais ses supports d’expression demeurent relativement confidentiels, l’accueil médiatique des rapports du Giec en constitue la démonstration la plus éloquente. Si la violence est devenue l’expression de la lutte contre le réchauffement climatique, attendu que la seule agonie de la Terre n’intéresse personne, c’est parce que son traitement médiatique est privilégié. Si les avancées des Cop sont peu commentées, la sphère médiatique s’anime lorsque la violence se fait le porte-voix de l’engagement environnemental. En bien ou en mal, pourvu qu’on en parle.
À trop viser la sidération, on en écœure la population
Fond dément
La violence, sa légitimité et son bien-fondé, à supposer que l’on puisse l’évoquer en ces termes, s’évaluent donc à sa finalité mais la dialectique écologiste empreinte une radicalité de plus en plus autoritaire et son action s’en retrouve toujours plus virulente. Si le terme éco-terroriste a pu être employé par notre ministre de l’Intérieur, peu importe la gravité des méfaits qu'il illustrait, c’est bien que certaines formes d’activisme sont mal orientées, incohérentes, déconcertantes. Les convictions ne sont que le prolongement des intérêts personnels et dans le cas de la sauvegarde de la planète, l’intérêt général ne consiste, assez singulièrement, qu’en la combinaison des intérêts personnels. Ça tombe bien. Mais à trop vouloir avertir ou dénoncer les pouvoirs publics, à trop viser la sidération, on en écœure la population et ces manifestations qu’elles soient destructrices, collantes ou gastronomico-artistiques, provoquent bien souvent le sentiment inverse de ce qu’elles prétendent exprimer.
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Si un projet éolien peut être traité, médiatiquement, sous l’angle de la pollution visuelle plutôt que de la production d’énergie c’est bien qu'aujourd'hui encore, la violence contre la planète se révèle plus raisonnable que la violence pour la planète. Il convient donc encore de déterminer quelle courroie d'expression lui serait la plus favorable. En attendant, une canicule anachronique ou un déluge inopiné valent mille oeuvres dégradées.
Alban Castres