L’entreprise née en 2017 vient de lever 54 millions d’euros, notamment pour accélérer à l’international. Eurazeo, Innovacom ou encore Bpifrance ont participé à ce nouveau tour table qui démontre que l’écosystème spatial entrepreneurial français et européen devient mature.
La French Tech peut continuer à pousser des cocoricos. En 2022, les start-up technologiques hexagonales ont levé 13,5 milliards d’euros, soit 16 % de plus qu’en 2021 qui était déjà un très beau cru, selon le baromètre annuel d’EY. Si le nombre d’opérations s’avère, lui, en baisse de 6 % (avec 735 tours de table), huit licornes ont tout de même vu le jour en douze mois.
2023 fera-t-elle mieux ? L’année commence plutôt bien puisqu’en janvier et février 70 et 80 levées de fonds ont été respectivement enregistrées, d’après les données compilées par Maddyness. Parmi les dossiers concernés figure celui d’Exotrail, la pépite française spécialisée dans le new space, c’est-à-dire la logistique spatiale, qui vient de lever 54 millions d’euros.
Devenir la référence mondiale
La start-up basée à Toulouse et à Massy avait déjà récolté 3,5 millions en 2018 et 11 millions en 2020. Tous les investisseurs historiques – dont Bpifrance, Innovacom, Irdi Capital Investissement, iXO Private Equity et BNP Paribas – ont participé à cette série B, rejoints ensuite par Eurazeo ainsi que par la société d’ingénierie Celab, avec laquelle des synergies sont envisagées. "Cette nouvelle levée de fonds démontre que l’écosystème spatial entrepreneurial français et européen devient mature et se dote des moyens nécessaires pour se développer à l’international", fait valoir Bpifrance dans un communiqué de presse.
L’entreprise entend devenir "la référence mondiale pour se déplacer en orbite"
Née en 2017, Exotrail développe des produits au service de la mobilité des satellites de manière à optimiser leur déploiement après lancement, à augmenter leurs performances lorsqu’ils sont en service ou encore à réduire la pollution spatiale. Son but ? Rendre les constellations de satellites économiquement et écologiquement durables. Si elle s’est fait connaître en développant des moteurs pour les petits satellites, l’entreprise entend devenir "la référence mondiale pour se déplacer en orbite", selon les termes de son cofondateur et CEO Jean-Luc Maria.
Réindustrialisation
Cette nouvelle levée de fonds va lui permettre d’industrialiser ses produits historiques, comme ses systèmes de propulsion électrique ou son logiciel de conception de missions spatiales, mais aussi de pousser l’introduction et la montée en gamme de nouveaux produits, comme son service de logistique spatiale, tout en s’étendant sur les marchés américains et asiatiques où elle est déjà présente. Ces projets seront menés à bien par une équipe qui compte actuellement 90 personnes et devrait être renforcée pour atteindre 160 collaborateurs dans les douze prochains mois.
Cet investissement "symbolise l’ambition profonde de l’État, à travers Bpifrance, d’accompagner la réindustrialisation de la France en soutenant des projets innovants et créateurs d’emplois dans les territoires, tels que celui porté par Exotrail", commentent Jean-Philippe Richard, directeur adjoint du fonds SPI, et Nicolas Berdou, investisseur pour le Fonds Innovation Défense. Deux fonds gérés par la banque publique qui s’inscrivent notamment dans le plan d’investissement France 2030. Leur vocation : participer à la réindustrialisation de la France ainsi qu’à la consolidation de la souveraineté hexagonale et européenne. Or, la conquête de l’espace prenant en compte l’environnement, s’avère un véritable enjeu pour les pays.
Olivia Vignaud