D’un côté des salariés en quête de sens et d’impact, de l’autre des entreprises qui n’ont jamais autant été à la recherche de profils qualifiés pour les aider à accomplir leur transition vers des modèles d’affaires plus durable. Il est temps de faire se rencontrer ces deux ambitions.
Le 14 octobre dernier, 800 étudiants et diplômés de grandes écoles comme Polytechnique, HEC, AgroParisTech ou CentraleSupelec, signaient une tribune intitulée : "Nous, jeunes diplômés, ne travaillerons pas pour TotalEnergies s’ils continuent à lancer des pipelines géants", pour Les Echos Start. Le géant pétrolier français faisant figure d’exemple paradigmatique d’une activité qui va à l’encontre de ce que recherchent les jeunes talents aujourd’hui : du sens, un impact positif sur le monde. "L'urgence de la situation ne nous permet plus de fermer les yeux, et nous souhaitons travailler activement à la nécessaire transformation de nos systèmes économiques et énergétiques. Ces discours invitent toutes les générations à agir aujourd'hui, jeunes et moins jeunes, et en particulier les dirigeants d'entreprise, en mettant en place des actions concrètes, radicales et sincères", expliquent les signataires avant d’assurer : "Nous n'œuvrerons que pour des stratégies climatiques cohérentes, chiffrées et à la hauteur des impératifs de la situation."
De la "grande démission" à la "grande ambition"
Dans la guerre des talents que se livrent les entreprises, mettre en avant une démarche RSE et climatique ambitieuse et étayée devient donc une nécessité absolue pour des candidats que les tentatives de greenwashing ne suffisent plus à duper. Une exigence qui peut monter aussi en interne, avec des salariés qui sont prêts à s’impliquer davantage dans la transformation de leur entreprise. Fin août, Élisabeth Borne encourageait les dirigeants à créer des postes "d’ambassadeurs de la sobriété". "Une excellente idée" pour Caroline Renoux, fondatrice de Birdeo, cabinet de recrutement et de chasse de têtes leader en France pour les métiers à impact positif, même si cela pose la question de la formation des salariés ainsi que de la valorisation de leur action. Dans une tribune à Forbes, elle veut voir dans la rencontre des ambitions des salariés et des entreprises un remède à la "grande démission" : "Il est au contraire plus que temps de réaffirmer, ou de retrouver, une ʺgrande ambitionʺ : de celles qui unissent et qui savent redonner un sens à cette économie."
Les postes ayant trait à l’économie circulaire, à la mesure de l’impact carbone, au management énergétique ou au reporting de performance extra-financière sont particulièrement demandés
Nouveaux métiers
De là à faire des profils RSE une denrée aussi recherchée que les data scientists de cette dernière décennie ? Les profils encore trop rares et la demande grandissante en font en tout cas des travailleurs courtisés, dont les rémunérations ne cessent d’augmenter. Au-delà des clinquants et parfois énigmatiques chief impact officers, de plus en plus en vogue dans les start-up, les postes ayant trait à l’économie circulaire, à la mesure de l’impact carbone, au management énergétique ou au reporting de performance extra-financière sont particulièrement demandés. Pour dépasser la guerre de talents, la formation continue en interne peut aussi être une solution pour les entreprises afin de faire émerger des compétences tout en répondant aux attentes grandissantes de leurs salariés.
Alors en 2023, on passe à l’impact ?
Antoine Morlighem