La start-up française fait partie de la quinzaine de greentech identifiées à travers le monde par la fondation d’Elon Musk dans le cadre d’une compétition de projets liés à la décarbonation. Une présélection qui lui permet d’empocher un million de dollars et de prétendre aux trois lots de 50, 20 et 10 millions de dollars promis aux projets les plus prometteurs en 2025.
Pour parvenir à la neutralité carbone, il faudra certes réduire nos émissions mais aussi trouver de nouvelles solutions pour stocker et séquestrer le carbone. C’est toute l’ambition de NetZero, cofondée par Axel Reinaud, un ancien directeur-associé du Boston Consulting Group et l’entrepreneur camerounais Aimé Njiakin. Comment ? Grâce au biochar, "une matière organique carbonisée par chauffage dans un environnement limité en oxygène et utilisé comme amendement du sol", selon la définition du Giec qui estime son potentiel d’émission négatives entre 1 et 2 GtCO2 par an.
Une "solution élégante"
Actuellement, dans les zones tropicales en particulier, les résidus agricoles que sont les cosses et coques de café ou les grappes vides de palmier sont généralement brûlés ou laissés à pourrir. Se faisant, ils relâchent dans l’atmosphère tout le carbone stocké par la plante pendant sa vie. NetZero met en place une solution industrielle, non seulement pour reséquestrer ce carbone sur le long terme, mais aussi en le valorisant pour l’agriculture, tout en générant de l’électricité pour les populations locales. En effet, le biochar réintroduit en terre permet d’améliorer la qualité des sols, ainsi que leur capacité de rétention de l’eau et des nutriments. Résultat : une amélioration nette de la productivité des cultures et la possibilité de passer à une agriculture 100% biologique, affranchie des engrais. Cerise sur le gâteau, le processus de fabrication du biochar émet un gaz qui permet d’alimenter en énergie le four lui-même, enclenchant ainsi un processus énergétique circulaire et autonome. Le surplus de gaz peut quant à lui être transformé en électricité décarbonée, stable et renouvelable. Autant de bénéfices qui ont poussé le Giec à soutenir le déploiement de cette solution, que le climatologue Jean Jouzel qualifie d'"élégante" sur le chemin de la neutralité carbone.
Crédits carbone exigeants
Le business model repose en partie sur l’émission de crédits carbone que les entreprises peuvent acheter pour compenser leurs émissions. L’utilisation de ces crédits est vue par beaucoup comme une pratique de greenwashing. NetZero veut s’en prémunir en conditionnant leur accès à la crédibilité de la feuille de route zéro carbone des entreprises, afin qu’ils ne compensent que les émissions difficiles à réduire ou inévitables.
Proof of concept
Actuellement, NetZero opère un premier site à grande échelle à Nkongsamba, au Cameroun, à proximité de la plus grande usine de transformation de café du pays. Une manière d’avoir un accès direct et continu à la ressource ainsi qu’aux petits producteurs de café qui viennent fournir l’usine. Y sont produites 1 500 tonnes de biochar chaque année. Pour NetZero, 2022 marquera une accélération avec la construction de deux nouveaux sites au Brésil "pour prouver la réplicabilité et l’évolutivité de notre modèle. Ces sites seront dotés de la deuxième génération de processus de production, avec des améliorations significatives en termes de productivité, de fiabilité et de sécurité des opérations." Objectif 2030 : éviter l'émission d'un million de tonnes de CO2 par an dans l'atmosphère. Chiche ?
Antoine Morlighem