L’Insee a publié son indice de consommation des ménages sur le mois d’octobre faisant état d’une variation à la baisse par rapport à septembre comme par rapport à octobre 2022. Un recul qui, s’il n’est pas vraiment significatif, émeut tout de même quelques experts économiques qui lui trouvent, par chance, des explications confortables et une issue favorable dès le mois prochain.
L’Insee a dévoilé les dépenses de consommation en biens des ménages, en ce compris l’alimentation, l’énergie et les biens fabriqués et en ce exclus les services, sur le mois d’octobre. Évaluées à 45,5 milliards d’euros, elles affichent un recul de 0,9% par rapport à septembre, et de 1,3% sur un an, recul imputé, de l’avis des économistes, essentiellement aux économies d’énergie. Si cette baisse n’a rien d’alarmant, elle inspire néanmoins des justifications troublantes, calquées sur une météo clémente et l’espoir qu’elle soit passagère. L’on met moins le chauffage parce qu’il fait doux, et lorsque le climatologue montre le réchauffement climatique, l’économiste regarde la baisse des dépenses des ménages.
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Ce recul de la consommation des ménages trouve donc son explication dans le réchauffement climatique plus que dans la prise de conscience du phénomène. C’est ce dont semblent se réjouir quelques médias et plus largement le capitalisme, qui voit d’un mauvais œil les notions d’épargne ou d’économies, et scrute plus volontiers sa tirelire que son thermomètre. Au-delà du simple CQFD qui consisterait à se dire que le chauffage, c’est cher, qu’il ne fait pas si froid, donc qu’il faut baisser le thermostat, il est permis d’espérer que ce recul tient d’une épiphanie collective plutôt que d’un simple réflexe budgétaire. En d’autres termes, que beaucoup conçoivent désormais le chauffage comme un outil performant pour avoir moins froid plutôt que comme un générateur d’été, par conviction ou du fait de l’inflation. Si quelques observateurs s’en inquiètent c’est peut-être que la contrainte a laissé place à la raison, et que chacun a pu se rendre compte qu’une température ambiante comprise entre 16 et 18 degrés la nuit n’imposait pas de dormir avec des moufles et un bonnet. La douceur d’un mois d’octobre doit être considérée comme une anomalie quand bien même elle se révèle, en pratique, agréable.
Gros maux
Si le terme "décroissance" tourmente encore certaines oreilles et le concept de déconsommation est toujours en mesure de faire grogner quelques estomacs, les économies d’énergie, devenues des économies tout court dans un contexte financier troublé, n’ont pas qu’une vertu budgétaire. Quand le monde économique se frotte les mains, la planète tremble, mais l’inverse est juste aussi, l’économie mondiale n’étant, à ses yeux, qu’un vaporisateur d’émissions carbone. Au lendemain du Black Friday, il convient d’avoir en tête qu’une bonne affaire c’est peut-être déjà et avant tout quelque chose dont on a besoin. Ai-je besoin d’un pull pour endurer l’hiver, probablement. Ai-je besoin d’une veste mi-saison ? Peut-être qu’un tee-shirt associé à une parka pourra me permettre de traverser l’automne et qu’un pull conjugué à une veste d’été m’autorisera à supporter le printemps. Il nous appartient, en outre, de mettre de côté cette drôle de manie qui consiste à mettre sur le même plan économie et écologie. Et de ne pas espérer une surconsommation des ménages en novembre, à la faveur d’un Black Friday réussi et d’un hiver plus rigoureux qui pourraient encourager les consommateurs à transformer leur Noël en ode au consumérisme, et leur logis en bain turc. La santé d’une société mériterait, par ailleurs, d'être appréciée à travers d’autres éléments que la seule capacité à dépenser de ses ménages.
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Selon le bilan climatique de l’année, présenté jeudi dernier par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu au siège de Météo-France, l’automne 2023 "sera le plus chaud jamais enregistré depuis 1900". Faisons en sorte qu’il ne soit pas le plus froid des cent prochaines années.
Alban Castres