La directrice de l’innovation de la Société générale travaille aussi bien sur les transformations culturelles que sur les investissements dans la tech ou la digitalisation des produits. Son rôle ? Donner le la sur les grandes orientations de demain. Pour elle, les questions d’ESG sont un impératif vital.
Claire Calmejane aime être là où tout se joue. Au moment de choisir des études, à l’aube des années 2000, cette fille de médecins en a la conviction : tout se passera sur internet. "C’est une constante dans ma carrière : il y a des places où l’on peut embrasser les nouvelles tendances et je veux les occuper." Elle intègre l’Epita afin de décrocher un diplôme d’ingénieure en intelligence artificielle et sciences cognitives puis parfait sa formation et commence à se créer un réseau à HEC. Sa carrière commence aux États-Unis, au cœur de la tech. Claire Calmejane pose ensuite ses valises à Londres, capitale de la Fintech, puis revient à Paris aux débuts de la French Tech. "J’ai rapporté à Londres ce que j’avais appris aux États-Unis et en France ce que j’avais appris à Londres", raconte-t-elle.
Le goût du challenge
Dès le départ, Claire Calmejane choisit l’accompagnement des métiers au sein de Capgemini. Son sujet de prédilection ? La manière dont "l’informatique allait devenir le bras armé de la stratégie des entreprises". La jeune femme planchera même un an sur l’impact de la transformation digitale au sein du prestigieux MIT. Mais Claire Calmejane entend se spécialiser dans une seule industrie. Elle aurait pu choisir les médias mais c’est finalement vers l’univers financier qu’elle se tourne. "Il est assez complexe. Or il fallait être capable de le faire muer tout en rendant cette transformation la plus accessible et la plus complète possible." Challenge accepté.
La transformation est "une histoire sans fin"
C’est au sein de l’une des plus grandes banques d’Angleterre, la Lloyds, que débute l’aventure. Claire Calmejane y occupe trois postes entre 2012 et 2018 dont celui de responsable de l’innovation et de l’excellence digitale. "Il fallait tout construire", se souvient-elle. Durant cette période, le nombre de clients en ligne au sein de l’établissement passe de 1,5 à près de 15 millions. Mais la digitalisation va bien au-delà de l’ouverture d’espaces pour se créer un compte ou de la possibilité de souscrire à des produits en ligne : il convient de faire évoluer la culture même du groupe. Claire Calmejane met notamment en place des digital expresso où des personnalités externes viennent expliquer leurs technologies, comme cela a été le cas pour le patron de Paypal. "À l’époque, on ne parlait pas de Fintech. Paypal était bien plus petite que l’entreprise que l’on connaît maintenant."
Un poste protéiforme
Il y a plus de quatre ans, Claire Calmejane retrouve sa ville natale. Appelée par Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, elle prend la tête de l’innovation et intègre le comité de direction du groupe. Là encore la tâche est protéiforme : digitalisation des process, mise en place de programmes de formation, investissements dans des start-up, orientation vers les sujets de demain. Quels sont-ils ? Si la transformation est une "histoire sans fin" pour Claire Calmejane, la dirigeante pointe la nécessité de répondre aux problématiques ESG, "un impératif vital". À son échelle, elle travaille à davantage de mixité et n’hésite pas à mentorer des femmes, elle qui a bénéficié de l’appui de personnalités plus seniors. Sur la partie gouvernance, les choses avancent plutôt bien en France, estime-t-elle. Quant à l’environnement, la technologie a un rôle clé à jouer pour assurer la transition écologique.
Afin de s’assurer de choisir les meilleures voies, Claire Calmejane passe une bonne partie de son temps avec ses collaborateurs et les clients de Société générale. Elle continue également de se nourrir des conférences auxquelles elle a la chance d’assister. Pour ce qui est des lectures, avec trois enfants et un tel poste, elle ne s’avoue pas peu fière quand elle arrive à refermer quatre livres business par an. Mais pas de quoi la freiner. Claire Calmejane croit au "learning by doing", au fait qu’on peut cumuler sans crainte vie professionnelle et vie personnelle et surtout au fait que les femmes n’ont pas à s’excuser ou à se sentir illégitimes d’être là où elles sont. Et où se voit-elle pour la suite ? À tout juste 40 ans, Claire Calmejane estime que sa prochaine étape consistera à diriger un business. Stay tuned !
Olivia Vignaud