Un dispositif de réutilisation des bouteilles en verre sera mis en place dans quatre régions à partir de mai 2025.
Toujours la norme en Belgique ou en Allemagne, la consigne des bouteilles en verre a perdu du terrain dans l’Hexagone à partir des années 80, au profit du recyclage et des emballages à usage unique. Le système de consigne avait cependant survécu en partie pour les bars et restaurants, dans lesquels 40 % des bouteilles sont récupérées, mais également en Alsace et en Moselle, pour certains produits seulement.
Dans la majeure partie du pays, le verre est donc jeté puis recyclé. Les chiffres officiels estiment que 77 % des déchets en verre sont collectés chaque année, soit environ 2 000 tonnes par an. Mais derrière ces chiffres plutôt bons se cache la consommation énergétique élevée du recyclage du verre, bien plus gourmand que la réutilisation de bouteilles existantes. Les partisans du retour à un système de collecte et de consigne étaient donc nombreux.
Quatre régions test
C’est désormais chose faite, puisque le gouvernement et l’éco-organisme Citeo ont annoncé la mise en place d’un test dans quatre régions du nord et de l’ouest de la France. La Bretagne, les Pays de la Loire, la Normandie et les Hauts-de-France ont donc été choisies pour cette expérimentation, prévue pour mai 2025. Qui dit consigne dit également standardisation. Plusieurs formats ont été retenus : les premiers à être rendus disponibles seront des bouteilles d’un litre pour des soupes et jus, ainsi que d’autres de 75 centilitres, destinées, entre autres, à la bière. Dans un second temps, des bocaux et des bouteilles de 33 centilitres seront mises à disposition. La production de ces 30 millions de contenants débutera en octobre. Les points de collecte dans les magasins seront quant à eux mis en place en mars 2025.
De l’écologie et des économies
La composante écologique de la démarche est importante : la consommation d’énergie baissera de 75 %, celle d’eau de 50 %, tandis que les émissions de CO2 seront réduites de 79 %. Mais les professionnels comptent bien faire des économies. Réutiliser plusieurs fois les bouteilles permet en effet de grandement réduire leur coût. Un point crucial au vu de la hausse généralisée des prix de l’énergie qui a touché de plein fouet les industriels de l’agroalimentaire, et tout particulièrement les brasseurs.
Pour les consommateurs, le retour de ce système ne se traduira que par un léger surcoût : 20 à 30 centimes consignés à l’achat, mais récupérés une fois la bouteille ou le pot déposé dans des automates installés dans les magasins. Une fois collectés, les contenants seront nettoyés dans des centres de tri, puis redistribués aux producteurs.
L’objectif est donc ambitieux : atteindre 10 % de réutilisation des emballages en 2027, en visant 100 % de réutilisation en 2040. Dans cette optique, il faudra déployer 2 milliards d’emballages, 25 000 points de collecte automatisés et manuels, organiser toute la logistique de collecte et installer 26 centres de lavage partout dans l’Hexagone. Surtout, il faudra convaincre les consommateurs de se prêter au jeu. Un pari audacieux après des décennies de règne des emballages jetables, mais qu’encouragent les expériences positives de nos voisins.
François Arias