La plateforme d’achat et de vente d’articles de modes de seconde main a annoncé, à partir de ce black friday, interdire les pièces issues de la fast-fashion sur son site. La première étape d’un plan de transformation plus large. Explications.
Comme un symbole. En ce jour de black friday, véritable monument à la société de consommation qui ressemble chaque jour un peu plus au vestige d’une civilisation perdue, Vestiaire Collective prend une mesure drastique contre l’une de ses plus emblématiques expressions : la fast-fashion. Comprendre : ces vêtements dont le prix ridicule n’est rendu possible que par un insupportable coût social et environnemental, que l’on jette généralement après deux lavages avant de courir en acheter d’autres dans une frénésie aussi pathologique que préoccupante. "La fast-fashion n’a aucune valeur à l’achat et encore moins à la revente", justifie Dounia Wone, directrice du développement durable de Vestiaire collective. "Nous faisons ce pas en avant parce que nous ne voulons en aucun cas être complices d’une industrie qui a un tel impact négatif, tant environnemental que social. Le système actuel encourage la surproduction et la surconsommation de produits de mauvaise qualité et la mode génère une quantité impressionnante de déchets." Une initiative louable, dans un contexte où la production globale de vêtement a doublé ces quinze dernières années et en cohérence avec le positionnement de la plateforme qui mise plutôt sur des produits haut de gamme ou de luxe.
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Nouveau dress code
Une première liste de 27 marques bannies a été rendue publique par l’entreprise, sur laquelle figure des acteurs comme Shein, ou Topshop, mais pas de trace de H&M, ni de Zara. De là à parler de simple affichage, pour une plateforme où ce type d’articles ne représente que 5% du catalogue ? Vestiaire collective préfère mettre son action en perspective dans un plan sur trois ans, qui comprend une collaboration avec The Or Foundation qui lutte contre l’impact social et environnemental de la fast-fashion, le soutien au développement d’une économie circulaire, à la sensibilisation des consommateurs, à la création d’un passeport digital du vêtement au sein du World Economic Forum, ou la constitution d’une "charte fast-fashion", en lien avec une agence indépendante.
Il faudra donc suivre l’évolution de ces engagements dans les mois qui viennent. Mais l’initiative de la licorne française a le mérite de mettre en lumière un phénomène dévastateur que le concept de seconde main ne suffit pas à racheter. Et de participer, peut-être, à une prise de conscience généralisée de l’ensemble du secteur… et des consommateurs.
Antoine Morlighem