Depuis la fin du mois de mai, selon une étude de France Assureurs, les sinistres liés aux événements climatiques extrêmes ont généré des indemnisations s'élevant à 3,9 milliards d'euros pour les compagnies d'assurance. Un record.

Voilà une étude qui sonne comme une alerte. Après ceux que la France a connus à la fin du mois de mai puis au début du mois de juin, de violents orages souvent accompagnés de chutes de grêle ont de nouveau affecté le pays entre le 18 juin et le 4 juillet. Le 19 juin, Météo France a placé 52 départements en vigilance orange. Outre les orages et chutes de grêle, des rafales de vent, des impacts de foudre ou encore des inondations ont été relevés. La grande majorité des sinistres concernent les habitations et les automobiles, suivies dans une moindre mesure par les biens professionnels et agricoles. Ces événements climatiques ont un caractère exceptionnel, tant par leur intensité que par leur étendue. L’année 2022 s’annonce d'ores et déjà inédite : les sinistres climatiques atteignent un coût sans précédent sur les vingt dernières années. Et la canicule ne fait que commencer. 

Nécessaire adaptation

Alors que faire dans cette situation qui pourrait vite devenir insoutenable pour les assureurs et notre économie en général ? Si la diminution de nos émissions de gaz à effet de serre est indispensable pour éviter la catastrophe, nous sommes déjà trop avancés dans l'engrenage climatique pour ne pas avoir à nous adapter, en parallèle, à ses conséquences. Pour tracer les lignes de cette nécessaire adaptation, l'Institute for Climate Economics (I4CE) a dévoilé au mois de juin dans son étude "Se donner les moyens de s’adapter aux conséquences du changement climatique en France : de combien parle-t-on ?", quelques pistes de réflexion. Au total, 11 chantiers allant du renforcement de la sécurité civile à la recomposition des territoires littoraux en passant par la résilience des infrastructures de transport. Pour chacun d’entre eux, l'étude identifie les mesures à mettre en place immédiatement et les besoins de financements publics associés. 

Balance

L'effort, qui comprend 18 décisions budgétaires nationales – représentant un montant cumulé additionnel d’au moins 2,3 Mds€/an - peut être engagé dès à présent. Un coût à mettre en balance avec celui de l'inaction qui, comme l'étude de France Assureurs en témoigne, est déjà élevé. "Les coûts de l’adaptation ne se limiteront pas aux coûts de ces 18 mesures", concèdent les auteurs de l'étude, "mais les sommes totales à engager dépendent de choix politiques et donc de débats démocratiques encore à venir." Et de conclure : "Chacun de ces choix s’accompagne de besoins spécifiques qui peuvent renchérir le coût d’atteinte d’autres objectifs de politiques publiques. Mais ils seront aussi la garantie que ces objectifs pourront être durablement atteints malgré les impacts du changement climatique. Les coûts de l’adaptation ne sont alors ni plus ni moins que les coûts de politiques de transition, de mobilité, de santé, d’aménagement ou encore de développement touristique adaptées et résilientes".

Antoine Morlighem

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