Luc Rémont a été nommé PDG de l’énergéticien français par le gouvernement, en remplacement de Jean-Bernard Levy. La rumeur laisse entendre qu’ils n’étaient pas nombreux à se bousculer pour ce poste. Au regard des défis qui attendent la nouvelle direction, on ne peut que les comprendre.

Descriptif du poste : recherche perle rare pour prendre la direction d’un mastodonte économique et social qui, malgré une dette abyssale de 42 milliards d’euros, devra engager des dizaines de milliards dans la réfection et l’extension de la durée de vie de ses centrales nucléaires, et mobiliser au moins 60 milliards pour la construction de six nouveaux EPR. Le tout à l’aune de la sobriété forcée, d’un système électrique européen à réinventer, d’énergies renouvelables à intégrer… à prix maîtrisé pour le consommateur.

Management : l’État actionnaire, en la personne des plus hauts représentants de l’exécutif, pourra vous sermonner en public et s’approprier vos recettes pour financer ses politiques économiques et sociales.

Équipes : qualifiées, mais qui ont perdu en compétence sur le nucléaire au fil des années. Comme le soulignait le patron sortant Jean-Bernard Levy à propos des centrales : "On n’a pas embauché des gens pour en construire douze, on en a embauché pour en fermer douze".
Syndicats puissants et retors, qui sont déjà parvenus à faire échouer le projet "Hercule" de réorganisation du groupe.

Salaire : plafonné par décret à 450 000 euros par an. Une sorte de vulgaire smic dans le monde merveilleux des grands capitaines d’industrie.

Á l’appel du gouvernement, beaucoup ont préféré regarder leurs chaussures. Luc Rémont a relevé le défi.  

Le profil idoine ?

Polytechnicien et diplômé de l’École nationale supérieure des techniques avancées, Luc Rémont débute sa carrière en 1993 en tant qu’ingénieur à la direction générale pour l’armement. Il rejoint par la suite le ministère de l’Économie, des Finances et de l’industrie où il occupera différentes fonctions. En 2007, direction le secteur privé et la banque d’affaires Merrill Lynch, où il prend en 2009 le poste de directeur de la Banque de financement et d’investissement Bank of America en France. En 2014, il est finalement appelé par Schneider Electric pour prendre la présidence française du groupe, poste qu’il occupait jusqu’à ce jour. Depuis 2015, Luc Rémont présidait par ailleurs Gimelec, une association qui rassemble 230 entreprises françaises fournissant des solutions électriques et d’automatismes sur les marchés de l’énergie, du bâtiment, de l’industrie et des infrastructures. Agé de 52 ans, il relève donc le plus grand défi de sa carrière. « Cochant toutes les cases », comme il se dit dans les arcanes de Bercy, avec une fine connaissance du secteur public, mais aussi du monde des finances et de l’industrie, il lui faudra également avoir le cuir dur et la vision nécessaire, pour tenir la barre.

On annonce un avis de tempête.

Antoine Morlighem

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