Le 22 septembre dernier, la start-up française Lhyfe a jeté l’ancre au large du Croisic pour l’inauguration du premier site de production offshore d’hydrogène renouvelable en mer. Véritable prouesse, cette première mondiale répond aux enjeux environnementaux et économiques actuels. 

Tandis que 95% de l’hydrogène est produit à l’aide d’hydrocarbures majoritairement émetteurs de CO2, la hausse du prix de l’énergie et le changement climatique  ont relancé la recherche d’alternatives vertes. Précurseur de l’avènement de l’hydrogène renouvelable, Jules Vernes visionnaire, avait tracé la voie en 1875 dans L’Île mystérieuse : ʺOui, mes amis, je crois que l’eau sera un jour employée comme combustible, que l’hydrogène et l’oxygène, qui la constituent, utilisés isolément ou simultanément, fourniront une source de chaleur et de lumière inépuisables et d’une intensité que la houille ne saurait avoir.ʺ

Un défi technologique à relever

Au large du Croisic, la prédiction vernienne prend vie après plusieurs phases d’expérimentation. L’aventure a commencé par l’installation d’un démonstrateur de production à Saint-Nazaire. Ce prototype amorce l’activité de production d’hydrogène vert sur une plateforme flottante conçue par Geps Techno. Dans six mois, le dispositif quittera le quai pour être transplanté à côté de l’éolienne flottante du site d’essai Sem-Rev de l’École centrale de Nantes. La tension électrique de l’éolienne et l’eau de mer extraite et assainie se dirigeront vers l’électrolyseur où l’oxygène et l’hydrogène des molécules d’eau seront dissociés. Suivront diverses phases de purification, de compression puis de stockage avant livraison à bon port. Au-delà des défis de production, d’autres facteurs complexifient la manœuvre : les intempéries climatiques (vagues de 15 mètres de hauteur, vitesse du vent de 150km/h), les agressions extérieures (vieillissement et érosion des pièces au contact des éléments naturels) ainsi que les difficultés inhérentes à une intervention humaine principalement à distance.

"Sealhyfe s’inscrit pleinement dans le déploiement européen de la filière hydrogène offshore, et souhaite contribuer à bâtir la souveraineté énergétique des pays."

Des promesses à concrétiser

Au terme de cette expérimentation, Lhyfe disposera d’une somme de données considérable, qui devrait lui permettre de concevoir des systèmes de production en mer matures, et de déployer des technologies robustes et éprouvées à grande échelle, s’inscrivant parfaitement dans les objectifs européens de production d’hydrogène renouvelable de 10 millions de tonnes par an d’ici 2030. Pour Matthieu Guesné fondateur et président directeur général de Lhyfe, au-delà du défi technologique, c’est une question de responsabilité et de souveraineté : "Chez Lhyfe, nous n’avons qu’un objectif : laisser une planète plus respirable à nos enfants. C’est pourquoi nous avons de nouveau voulu relever un défi technologique majeur : prouver – en produisant pour la première fois de l’hydrogène en mer – que c’est possible de le faire dès aujourd’hui. En ouvrant la voie à la production massive de l’hydrogène renouvelable en mer, Sealhyfe s’inscrit pleinement dans le déploiement européen de la filière hydrogène offshore, et souhaite contribuer à bâtir la souveraineté énergétique des pays.". Avec les parcs éoliens offshore qui fleurissent sur le globe, Lhyfe pourrait tenir là un bon filon, participant ainsi au développement d’une filière hydrogène française prometteuse et sur laquelle le gouvernement mise beaucoup. Les perspectives sont reluisantes : la plupart des experts s’accordent à dire que l’hydrogène devrait représenter 15% à 20% du mix énergétique décarboné à horizon 2050, avec des applications, notamment dans les transports lourds et l’industrie.

In fine, ces unités de production n’auront rien à envier à leurs consœurs, alimentées en énergies fossiles. L’équivalence de l’autonomie énergétique, la production massive (400 kg journalier pour le site du Croisic) et l’efficient taux de remplissage sont d’imparables atouts. Après structuration, le combo énergie renouvelable/hydrogène pourrait devenir la lanterne des emprunteurs du chemin de la transition énergétique.

Maureen Nugent

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