Après un “La bagnole, moi je l’adore” qui avait fait lever plus d’un sourcil lors de son interview du 24 septembre, Emmanuel Macron était attendu au tournant sur les questions d’écologie. Petit bilan d’une intervention accouchée dans la douleur.
Pour ceux qui s’attendaient à des annonces marquantes et un plan de bataille clair : vous allez être déçus. Le Président a passé une bonne partie de son temps à présenter un calendrier des futures annonces donnant la priorité aux stratégies biodiversité et rénovation thermiques pour le mois d’octobre. Le plan leasing de voitures électriques à 100 euros sera annoncé en novembre (et une mise en place pas avant 2024), tout comme le débat public sur l’éolien maritime ou le plan de décarbonation industriel. Un dispositif pour l’adaptation viendra compléter le tout en décembre.
Clap de fin pour le charbon
Quant aux annonces plus concrètes, on reste un peu sur notre faim, la sortie du charbon est toujours maintenue, mais n’entrera en vigueur qu’à l’horizon 2027 pour les deux dernières centrales de ce type en France. L’objectif de 2022 avait été suspendu à la suite du conflit en Ukraine. Aucun mot cependant sur les centrales à gaz et pétrole, qui représentent cependant une bien plus grosse part du mix énergétique français.
Côté transports, une enveloppe de 700 millions d’euros est allouée aux treize programmes de “RER métropolitains” retenus en région, une somme assez faible au vu des milliards jusque-là nécessaires pour ce type de projet. De manière générale, le budget consacré à la transition écologique augmentera de 7 milliards pour atteindre les 40 milliards d’euros.
Les chaudières à gaz font de la résistance
Au menu : les chaudières à gaz, qui ne seront finalement pas interdites dans l’ancien, le chef de l’État se justifie : “Nous avons décidé d’encourager nos compatriotes, sans interdiction, mais en les incitant à changer plus vite.” En parallèle, la fabrication d’un million de pompes à chaleur en France est annoncée d’ici 2027. Un chiffre certes élevé mais à mettre en perspective. Près de 30 millions d’entre elles seront inévitables pour effectuer la transition de la France sur ce point.
Difficile de ne pas trouver que le projet “d’écologie à la française” évoqué par Emmanuel Macron manque singulièrement d’ambition, et surtout ne repose que sur la bonne volonté des différents acteurs, alors que l’exécutif est visiblement allergique aux contraintes. De nombreuses questions sensibles, comme l’agriculture ou la baisse de la dépendance à la voiture individuelle ont également été soigneusement évitées. Sans doute insuffisant pour assurer les objectifs d’une neutralité carbone de la France d’ici 2050. Oui à l’écologie, mais seulement si elle ne vient pas trop bouleverser le statu quo.
François Arias