Seulement six mois après sa création par trois experts français de l’intelligence artificielle, Mistral AI réalise une nouvelle levée de fonds de 385 millions d’euros auprès des fonds américains Andreessen Horowitz et Lightspeed Venture. La nouvelle licorne souhaite concurrencer les mastodontes étrangers du secteur.
"Nous suivons une ambition claire : créer un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle", déclare Arthur Mensh, CEO et co-fondateur de Mistral AI. Après une première levée de fonds de 105 millions d’euros en juin 2023, un mois après sa création, la nouvelle licorne française frappe un nouveau coup. Le 10 décembre, elle a annoncé un nouveau tour de table de 385 millions d'euros. Ce second tour valorise le groupe à 1,86 milliard d'euros et lui confère le statut de licorne. Nombre de beaux noms se sont penchés sur le berceau de la start-up aux côtés des fonds américains dont BNP Paribas, CMA CGM ou encore Xavier Niel. En Europe, seule la société allemande Aleph Alpha, elle-même spécialisée dans l’IA, et valorisée à 500 millions de dollars, peut prétendre concurrencer Mistral AI.
Padawan, futur maître de l’IA ?
Pour les médias américains, le fleuron français de l’intelligence artificielle, s’impose déjà comme un potentiel rival d’Open AI, le développeur de ChatGPT. Son plus grand atout ? Les trois petits princes du secteur qui l’ont fondée, embauchés par les Gafam puis rapatriés sur le Vieux-Continent. Arthur Mensch a travaillé trois ans chez DeepMind, la branche IA de Google. Les deux autres cofondateurs, Guillaume Lample et Timothée Lacroix ont travaillé chez Meta où ils ont participé à la création d'un modèle de langage ouvert. Aujourd’hui, forte de 22 salariés, Mistral AI va pouvoir augmenter ses équipes, parfaire le développement de son offre et accélérer l’accomplissement de ses ambitions.
Google, créé en 1997, avait mis deux ans pour lever 25 millions de dollars quand Mistral AI est devenue une licorne en seulement six mois
Open source et ambitions politiques
A contrario de ChatGPT, les modèles d’intelligence artificielle développés par Mistral AI sont en open source. Ils peuvent donc être améliorés par n’importe quel développeur dans le monde. Un choix logique pour Arthur Mensch : "Les développeurs d'applications en IA ont besoin de transformer la tech et donc d'avoir un accès profond à la tech." Mistral 7B, le premier modèle de la start-up a déjà été téléchargé plus d’un million de fois, et le second vient d’être annoncé.
En outre, l’entreprise tricolore a aussi créé une plateforme à destination des développeurs hébergeant ses propres modèles. C’est avec cette interface que des chatbots et autres générateurs d’images peuvent ensuite être crées. Aujourd’hui en version bêta, elle sera accessible à tous début 2024. Dans cette perspective, Mistral AI a débauché Florian Bressand, ancien directeur des opérations de Mirakl, en tant que directeur commercial.
Le développement de la société française est fulgurant. Google, créé en 1997, avait mis deux ans pour lever 25 millions de dollars quand Mistral AI est devenue une licorne en seulement six mois, se plaçant au second rang des levées de fonds hexagonales du cru 2023 après celle de Verkor en novembre. Du jamais-vu. L’Élysée, qui suit de près le développement du champion français depuis sa création, a permis à Arthur Mensh d’être seul sur scène avec Emmanuel Macron lors de la 7e édition de Vivatech, le salon européen de la tech, en juin dernier. Cédric O, ancien secrétaire d’État au numérique et membre du comité interministériel sur l’IA est aussi "conseiller fondateur" de la structure et relais de l’exécutif. Mais jusqu’où ira Mistral AI ? Réponse dans les prochains mois.
Tom Laufenburger