De 450 au départ, il n’en restait qu’un dans la course à la succession : Slawomir Krupa, actuel directeur de la branche financement et investissement de la Société générale, a remporté l’unanimité des votes du conseil d’administration et succède à Frédéric Oudéa à la tête d’une des plus grandes banques françaises. Une nomination qui comporte de nombreux défis pour dessiner l’avenir de la banque.
Si le nom de Slawomir Krupa n’est pas nouveau à la Société générale, son arrivée au sommet de la direction en a surpris plus d’un. La dernière ligne droite le mettait face à Sébastien Proto, 44 ans, directeur adjoint du groupe, également candidat en interne et surtout inspecteur des finances, comme Frédéric Oudéa et nombre de ses prédécesseurs à la tête de la banque.
S’il n’est ni inspecteur des finances ni diplômé de l’ENA à la différence de la lignée des directeurs précédents, Slawomir Krupa connaît la maison depuis plus longtemps que Sébastien Proto : il y a commencé sa carrière en 1996 en tant qu’inspecteur général et, à part 2 années où il fait une pause pour lancer une start-up spécialisée dans l'e-finance en Europe de l'Est, ce franco-polonais de 48 ans ne quittera plus jamais la Société générale. Un parcours qui a joué dans sa nomination d’après Lorenzo Bini Smaghi, président du conseil d’administration qui travaille avec lui depuis plusieurs années: "Il connaît parfaitement notre banque et les défis qui l’attendent ; il a convaincu de sa capacité à conduire une grande banque européenne comme l’est Société générale".
Incontournable dans les moments de crise
Une bonne connaissance de l’établissement qui s’ajoute à une solide capacité de négociation dont il a su faire preuve à plusieurs reprises lors de dossiers majeurs pour la SG. En 2007, lors de l’affaire Kerviel, il est le secrétaire du comité mis en place pour affronter cette période de troubles. En 2011, alors responsable de la branche corporate et investissements pour la zone EMEA, il est nommé directeur adjoint des activités de financement, supervisant notamment les activités primaires obligataires et de titrisation et se retrouve propulsé en première ligne pour réduire les engagements en dollars de la Société générale dans un contexte de crise de la zone euro. Plus récemment, c’est lui qui négocie avec la justice américaine pour trouver un accord entre les autorités locales et la banque française accusée par la Fed de manipulation du taux interbancaire (le Libor) et de soupçon de corruption face au fonds souverain Libyen.
Un virage à prendre
Alors que Frédéric Oudéa cède son siège après 15 ans de règne, la route de Slawomir Krupa s’annonce aussi longue, le conseil d’administration plante le décor : "Sa première mission sera de finaliser les grandes transformations en cours, comme la fusion des réseaux en France, l’acquisition de LeasePlan par ALD [spécialiste européen de la location de véhicules longue durée et de la gestion de parcs automobiles dont la Société générale est l’actionnaire majoritaire, Ndlr], la croissance de Boursorama, la poursuite du développement de la banque de financement et d'investissement, recentrée sur ses métiers-clés". Une liste de missions à laquelle s’ajoutent des défis contextuels : il devra faire face à la remontée des taux qui fait peser un risque de récession et, sur un autre tableau, s’inquiéter aussi de la place de mauvais élève occupée par la Société générale notamment en tant que financeur d’entreprises à la tête de projets d’exploitation d’énergies fossiles, à hauteur de 19 milliards de dollars en 2020.
Céline Toni