Il n’aura fallu que dix jours aux personnes les plus aisées de la planète pour dépasser leur budget carbone annuel.
Si les différentes limites planétaires font souvent l’actualité, notamment à l’occasion du « Jour du dépassement » qui arrive de plus en plus tôt chaque année, les disparités de consommation en fonction des revenus sont rarement évoquées.
Journée des pollutocrates
C’est pourtant ce que fait Oxfam dans une analyse publiée en ce début d’année. Cette dernière explique qu’il n’aura fallu que dix jours au centile le plus fortuné de la planète pour consommer le budget d’émission de CO2 qui lui aurait permis de limiter la hausse des températures à 1,5 degré– un objectif malheureusement déjà dépassé. Ce budget est estimé par l'ONU à 2,1 tonnes de CO2 par personne et par an. À titre de comparaison, la part annuelle de la moitié la plus pauvre de l’humanité équivaut à presque trois ans d’émissions de CO2. D’une manière plus générale, les 1 % les plus riches de la planète génèrent à eux seuls environ 17 % des émissions. Pour rentrer dans ce club comprenant 77 millions de personnes, il faut posséder environ 870 000 € de patrimoine.
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Alexandre Poidatz, responsable plaidoyer Climat et inégalités chez Oxfam France, commente ainsi l’étude : "Réduire les inégalités est nécessaire pour lutter contre la crise climatique. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas une fatalité en 2025, on doit changer de logiciel : il est temps de faire peser le poids de la transition sur les personnes qui émettent le plus et qui ont le plus de moyens pour réduire nos émissions rapidement".
Et si ce chiffre peut vous paraître impressionnant (ou angoissant, c’est selon), dites-vous que Bernard Arnaud, l’homme le plus riche de France, a lui épuisé son budget carbone avant même la fin du réveillon : la limite a été atteinte le premier janvier dès 2h15 du matin…
François Arias