Partenaire du Sommet de la mesure d'impact, organisé par Impact Tank, qui s'est tenu le 18 avril au Conseil économique social et environnemental, 100 Transitions met un coup de projecteur sur certains de ses intervenants phares. Sixième volet de cette série : Alexia Delahousse VP Legal & Public Affairs chez Qonto.

Pouvez-vous nous définir le périmètre de vos fonctions chez Qonto ? 

Selon la terminologie Qonto, je suis VP Legal & Public Affairs, mais cela peut se traduire par Directrice des Affaires Juridiques et Publiques. Je suis à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes et en plus de ces deux casquettes, je suis aussi responsable des sujets liés à notre stratégie Impact. C’est avec cette dernière casquette que j’ai récemment pris la parole au Sommet de la mesure d’impact. 

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Qonto est le leader européen de la gestion financière des entreprises. Nous proposons un compte professionnel 100% en ligne associé à des outils financiers tels que la facturation, la comptabilité et la gestion des dépenses. Nous comptons désormais 1 400 salariés et 450 000 clients en France, en Espagne, en Allemagne et en Italie.

Comment intègre-t-on la notion d’impact dans une entreprise de la tech comme Qonto ?

Les problématiques d’impact pour une société comme la nôtre sont très spécifiques, Qonto connaissant de plus une forte croissance. Depuis deux ans, notre priorité est de prendre en compte l’impact social et environnemental de nos actions dans nos décisions stratégiques.

Pour cela, nous avons mis en place une véritable gouvernance et avons recruté une équipe qui continue d’ailleurs de s’étoffer. Notre stratégie d’impact est très transverse et touche toutes les équipes fonctionnelles. Nos deux grands piliers en la matière sont donc les enjeux de diversité, d’équité et d’inclusion d’un côté et le développement durable de l’autre.

Pour ce qui est de la parité, nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux, ce qui n’est pas forcément simple pour une entreprise de la tech. Aujourd’hui, 44 % de femmes composent nos effectifs et 43 % occupent des postes de direction. Ce sont des chiffres encourageants, surtout pour notre secteur, mais nous visons à terme une véritable parité. Notre diversité se traduit aussi par les origines au travers des 75 nationalités représentées chez nos employés. 

En interne, nous avons créé des Employee Resource Groups, des réseaux de salariés organisés autour de thématiques comme la diversité, l’inclusion ou l’équité et qui disposent de leur propre budget. Ils peuvent ainsi développer des initiatives, organiser des événements, se réunir et échanger autour de problématiques qui leur posent des difficultés. L’objectif ? Faire des recommandations à la direction pour mettre en place de nouvelles politiques et actions. Chaque groupe est représenté par un membre du comex qui les soutient et fait remonter les messages au plus haut niveau. Pour le moment, trois groupes existent et, au vu du succès qu’ils ont rencontré, ils ont vocation à se multiplier.

Pour ce qui est du développement durable, nous travaillons de manière un peu plus classique, avec un bilan carbone annuel que nous effectuons avec la société Greenly. Ce bilan couvre nos émissions directes et indirectes produites tout au long de la chaîne de valeur. Nous nous concentrons tout particulièrement sur nos partenaires et nos fournisseurs. Nous avons voulu rester humbles par rapport à cette démarche, car mesurer l’empreinte carbone est assez technique. Nous avons donc préféré nous fixer dans un premier temps des objectifs annuels. Pour le moment, nous visons une réduction de 5 % de nos émissions par an, tout en mettant en place une stratégie de plus long terme pour atteindre le zéro net.

Nous évaluons également nos partenaires et nos fournisseurs avec Ecovadis qui mesure l’impact social et environnemental des entreprises. L'objectif est d’atteindre un nombre de fournisseurs notés par cette plateforme qui représente 50% des dépenses engagées en 2024. Nous espérons qu’au total 80 % de ces dépenses soient consacrées à des entreprises dont l’impact aura été évalué par cette plateforme en 2025. Cela représente une centaine de partenaires. C’est un projet qui avance assez vite, car nous nous sommes d’abord concentrés sur ceux qui couvrent notre plus gros volume de dépenses et donc d’émissions. Pour la plupart, les fournisseurs jouent le jeu, car ce genre d’évaluation est de plus en plus demandé et peut même devenir un avantage pour rester compétitif sur les marchés qui demandent ces certifications et dont le nombre va croissant. 

Quels outils de mesure d’impact avez-vous mis en place ? 

C’est bien d’avoir une politique d’impact, mais sans mesure on risque le coup d’épée dans l’eau ! Il est donc nécessaire de disposer d’outils pour l’évaluer. 

Des objectifs d’impact et d’entreprise ont été fixés dans nos North Star Metrics. La parité et l’empreinte carbone sont ainsi devenues deux des quatre objectifs et indicateurs clés du succès de Qonto. Les deux autres indicateurs sont plus commerciaux, mais pour nous ce choix est significatif. 

En parallèle, des partenariats et des outils ont été mis en place pour nous aider à mesurer notre impact. Pour le bilan carbone, nous avons donc choisi Greenly. Pour les questions de parité, nous nous appuyons sur Lucca. Et enfin pour mesurer l’impact des fonds de nos clients, nous venons de commencer à travailler avec Carbon4 Finance.

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Certains de nos outils internes ont également été adaptés. Ainsi, Lucca, notre logiciel de gestion RH, a été modifié pour nous offrir un tableau de bord permettant de mesurer en temps réel l’effet de nos embauches sur la parité notamment. C’est particulièrement utile pour une société comme la nôtre qui grandit assez vite, car cela nous permet de ne pas avoir à attendre la fin du mois pour connaître les effets de nos choix de recrutement. Cette mesure n’est pas simplement globale, elle est adoptée aussi pour chaque équipe, certaines ayant du mal à atteindre la parité du fait du type de profils, techniques par exemple, dont elles ont besoin. 

Il reste aussi la question de la CSRD. Nous savons que Qonto y sera soumis en 2026, mais nous avons décidé de réaliser l’exercice de double matérialité dès cette année afin d’identifier et de récolter les différents indicateurs que nous allons devoir reporter pour la CSRD, qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs. C’est un processus lent, complexe et un peu lourd, mais dont l’aspect méthodologique vient véritablement éclairer nos équipes sur la question de la mesure. D’une manière plus générale, cela va permettre aux entreprises de commencer à mesurer de manière plus large leur impact. 

Vous avez participé au Sommet de la mesure d’impact le 18 avril dernier. Pourquoi soutenir cet événement et quel message y avez-vous porté ?

Il y a plusieurs raisons à notre venue au Sommet. La première est que nous étions présents l’an dernier en tant que simples visiteurs. Et j’avais été très impressionnée par l’engouement suscité par l’événement, son organisation ainsi que par le nombre et la qualité des participants. Voir toutes ces entreprises, les pouvoirs publics, les membres de la société civile, les journalistes, se réunir autour de cette problématique de l’impact pour accélérer le mouvement et créer un véritable espace de discussion et d’échanges nous a donné envie de participer.

La seconde raison – que j’ai évoquée plus tôt – est que nous sommes nombreux à être animés par de très bonnes intentions, mais les connaissances, les ressources et la méthodologie peuvent nous faire défaut. Il est compliqué de convaincre les entreprises d’investir ressources et temps sans résultats à mettre en avant.

La troisième raison est que, dans la tech, toutes les entreprises sont loin d’avoir pris le virage de l’impact. Qonto, en tant qu’entreprise de la tech relativement visible et importante, est bien placée pour devenir un ambassadeur du secteur et entraîner d’autres sociétés dans l’aventure ! C’est aussi quelque chose qui peut intéresser nos clients. Nous travaillons avec 450 000 sociétés, petites pour la plupart, et les problématiques qui se posent à nous aujourd’hui finiront par se poser à elles aussi. Nous pouvons à la fois montrer l’exemple et leur faire profiter de nos connaissances.

Pour finir, c’est un événement où nous avons pu rencontrer pouvoirs publics, membres de la société civile, journalistes et entreprises. Le tout dans une dynamique efficace, porteuse et vertueuse, à laquelle nous sommes ravis de prendre part.

Propos recueillis par François Arias

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