François Gemenne, politologue et chercheur belge, expert du GIEC et spécialiste des politiques d’adaptation au réchauffement climatique, s’est récemment illustré en déclarant que le chat et le chien étaient respectivement une catastrophe pour la biodiversité et pour le climat. Retour sur une polémique navrante.

S’il avait anticipé la polémique, François Gemenne, co-auteur du sixième rapport du GIEC et président de la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), ne se doutait probablement pas de son ampleur. Dans la tourmente depuis sa sortie sur LCI, le politologue belge s’est pourtant contenté de partager une observation exacte et irréfutable. Des menaces de mort, c’est ce que vaut aujourd’hui un simple constat.

Comme chiens et chats

"Le chat est l’un des responsables de la perte de biodiversité en milieu urbain, notamment parce qu’il va chasser des petits oiseaux et mammifères. Quant aux chiens, ils sont des catastrophes pour le climat parce qu’il faut les alimenter et qu’une bonne partie de la déforestation aujourd’hui sert aux cultures qui vont servir aux aliments pour animaux domestiques". S’il a depuis admis, au micro de Yann Barthès, qu’il s’agissait-là d’un phénomène "relativement anecdotique par rapport à d’autres sujets comme celui des énergies fossiles", cela n’a pas empêché propriétaires transis et complotistes aléatoires d’imaginer François Gemenne les mains serrées autour du cou de leur toutou ou détaillant une nouvelle mesure contraignante à l’oreille du président. L'actrice, scénariste et dialoguiste Isabelle Mergault, a même tweeté : "J’ai un chien et un chat. Au nom de la biodiversité je vais les noyer dans la Marne de ce pas !" Au lieu de ça, l’expert a reconnu que les animaux de compagnie "remplissent une fonction sociale importante", atténuant ainsi la prodigieuse impudence de son propos liminaire.

Des menaces de mort, c’est ce que vaut aujourd’hui un simple constat

Polémique stérile

Pendant ce temps-là et en réplique, les défenseurs félins et canins exigent leur stérilisation – avec de tels amis pas besoin d’ennemis – préférant mettre en lumière l’irresponsabilité des maîtres plutôt que l’instinct des bêtes. Mais s’ils s'accommodent des croquettes et pâtés dont les recettes comme les prix défient parfois le régime omnivore de leurs détenteurs, ils n’en demeurent pas moins des prédateurs, souvent câlins mais parfois chasseurs. Invitée de RMC, Muriel Arnal, présidente et fondatrice de One Voice, estime que "les chiens et les chats mangent ce que les humains ne mangent pas. On ne produit pas spécifiquement pour les chiens" alors que n’importe quel heureux propriétaire sait qu’il existe aujourd’hui des publicités qui encouragent à acheter pour son chien des types de croquettes différents selon sa taille. Elle juge, en outre, que l’on a "besoin de ce lien à l'animal". Un presque plagiat des propos de François Gemenne.  

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Si tout le monde semble donc d’accord, les lanceurs de polémique restent déterminés à contrarier le bon sens. Toujours sur l'émission Quotidien et pour mettre un terme à la controverse, François Gemenne prolonge le débat en se demandant "comment on peut améliorer l’alimentation des chiens, notamment en leur donnant des restes de repas plutôt que de la nourriture industrielle" ? Et si c’est un recul, alors on recule dans le bon sens.

Alban Castres

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