Ce seront donc deux femmes, issues de la garde rapprochée du président de la République, qui auront la lourde charge de mettre le pays en ligne avec ses engagements climatiques. Un rôle stratégique, car le président-candidat l’avait assuré : "La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas." Portraits de deux étoiles montantes de la macronie.
Agnès Pannier-Runacher, l’industrieuse
Jeune (47 ans), études brillantes (HEC, ENA), parcours professionnel sans faute entre service public (Assistance publique, Caisse des dépôts) et secteur privé (Faurecia)… Agnès Pannier-Runacher a un parcours à l’image du président de la République. Elle fait partie des premiers compagnons de route du chef de l’État, qu’elle rejoint dès 2016, et participe à la commission d’investiture des candidats aux élections législatives. En 2018, elle est nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, en charge de la reconquête industrielle. Celle qui se définit comme "libérale de gauche", y pilote le groupe de travail consacré au volet industriel du "pacte productif 2025" et veut (déjà) faire de l’industrie le moteur de la transition : "en matière de transition écologique, l’industrie française n’est pas le problème, c’est la solution !" Lors de la crise sanitaire, elle prend un rôle stratégique, ayant la responsabilité d’organiser et de renforcer la production et l’approvisionnement en matériel à destination des personnels et des établissements de santé. Elle crée également un consortium d’industriels qui permettra de fabriquer 10 000 respirateurs en cinquante jours, soit autant que l’ensemble de la production nationale en trois ans. Agnès Pannier-Runacher poursuit sa mission en tant que ministre déléguée chargée de l’industrie dans le gouvernement de Jean Castex. Elle participe au plan de soutien à la filière hydrogène dans le cadre du Plan de relance économique de septembre 2020 et organise plus largement le plan de soutien à l’industrie, tout en encourageant relocalisation, décarbonation, modernisation et innovation. Aujourd’hui en charge de la transition énergétique, elle devra mettre cette riche expérience au service d’un projet qui façonnera l’industrie énergétique française pour les décennies à venir.
Amélie de Montchalin, la bonne élève
Si Agnès Pannier-Runacher a le libéralisme plutôt à gauche, Amélie de Montchalin le porte davantage à droite. Le "en même temps" perdure. Diplômée d’HEC et de la Harvard Kennedy School, elle commence sa carrière en tant qu’économiste junior chez Exane BNP Paribas avant de rejoindre AXA où elle s’occupe de la prospective et du suivi des politiques publiques. Elle fait ses premiers pas en politique en s’engageant dans la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, puis d’Alain Juppé à la primaire républicaine de 2016, avant de rejoindre En Marche en 2017. Elle participe à la vague macroniste à l’Assemblée nationale en étant élue dans la sixième circonscription de l’Essonne. "Révélation de ce début de mandature", selon Christophe Castaner, elle se fait remarquer par son sérieux, sa repartie, et un professionnalisme qui étonne dans une majorité largement constituée de novices. C’est "la Marianne du macronisme : une députée 2.0, bosseuse, appliquée, sympathique et de bonne foi, avec un petit côté première de classe. Elle est idéologisée, très techno, efficace", résume dans L’Obs Julien Aubert, membre LR de la commission des finances. Des qualités qui n’échappent pas à Emmanuel Macron qui l’appelle pour devenir secrétaire d’Etat aux Affaires européennes en mars 2019. Un poste qu’elle n’occupera que brièvement puisqu’elle est finalement nommée ministre de la Transformation et de la Fonction publique en juillet 2020 dans le gouvernement Castex. Elle porte en 2021 un projet d’ordonnance qui prévoit la réforme de la haute fonction publique et notamment de l’ENA. Avec cette nomination au ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, Amélie de Montchalin change de dimension, avec un poste particulièrement exposé, tant elle aura en charge de faire rentrer l’écologie dans le quotidien des Français. Son objectif : faciliter son acceptation sociale afin de prévenir toute résurgence d’un mouvement du type Gilet jaunes.
Antoine Morlighem