La CSRD (acronyme anglais de "Corporate Sustainability Reporting Directive") est une directive de l’Union européenne qui vise à harmoniser et renforcer les obligations de reporting extra-financier des grandes entreprises européennes. Celle-ci élargit considérablement le périmètre des entreprises concernées tout en les intégrant progressivement en leur accordant un délai établi en fonction du chiffre d’affaires ou encore de la taille de l’entreprise en nombre de salariés. Arnaud Naudan, président du directoire de BDO France, nous apporte des explications détaillées.

Décideurs. Que peut apporter BDO France pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de la CSRD ?

Arnaud Naudan. Tout d’abord, revenons sur la manière d’appréhender la CSRD. Plutôt que d’exiger un simple reporting, je considère que la CSRD répond à de réels enjeux de transformation pour les entreprises. Nécessairement, elles devront se questionner sur le nouveau modèle économique à adopter à travers la transparence et la volonté de traiter progressivement la performance de l’entreprise sur un même pied d’égalité que ces critères extra-financiers. Le reporting est un sujet structurant car l’information sera rendue publique. Les attentes des différentes parties prenantes ont sensiblement changé : des consommateurs à la pression des banques et des investisseurs, tout le monde est concerné. Ainsi, la pression du marché et l’évolution de la réglementation vont, de notre point de vue, amèner à une réelle transformation des entreprises. C’est finalement la transformation d’un modèle existant pour la pérennité de l’entreprise. Les sociétés devront s’engager sur les trajectoires retenues. Le but étant de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050. BDO France apporte des équipes spécialisées dans la mise en conformité de la directive, mais aussi et surtout, des équipes spécialisées dans la conduite de projets de transformation.

En quoi votre proposition est-elle différenciante ?

Notre équipe est pleinement intégrée. Nous disposons d’experts réglementaires, d’économistes, de consultants en organisation  qui accompagnent les entreprises dans la transformation de leurs business model. Nous offrons également des experts des problématiques environnementales (climat, biodiversité…), ou encore des consultants en transformation des chaînes de valeur. Il ne s’agit pas d’une offre de compliance mais de conseils en stratégie et en transformation.

Enfin, historiquement, nous sommes une structure qui fournit des services en stratégie de prospective économique de grands groupes : data scientists, conseils en transformation, experts en agroalimentaire, etc. Là où nous sommes différenciants, c’est dans notre capacité de modélisation ; ce qui nous permet de calculer la trajectoire prise et de modéliser l’impact des mesures sur les émissions de gaz à effet de serre, ou encore sur la consommation de ressources, par exemple. Nous conseillons des grands groupes, des ETI et des PME mais aussi les fonds d’investissement sur des sujets de transformation qui passent naturellement par une refonte du business model en intégrant les performances ESG. Ainsi, les fonds sont de plus en plus sensibles aux performances ESG de leurs participations. Ils mettent des indicateurs en place.

Avez-vous des exemples de clients qui ont parfaitement intégrés la dimension ESG ?

Nous avons des grands groupes, des ETI ou encore des fonds à impact en qui avaient déjà intégré ces enjeux. Nous avons également des sociétés à mission. Nous sommes nous-mêmes devenus une société à mission. Conseiller les entreprises sur les problématiques ESG n’est même plus une offre mais une raison d’être.

La CSRD vous semble-t-elle assez ambitieuse ?

Pour ma part, elle l’est. Il s’agit d’un gros levier de transformation avec la mise en place progressive d’une pratique durable et une refonte des business models des entreprises. Mais des questions surviendront forcément, notamment celle du niveau de certification de ces données. En outre, les rapports de durabilité auront la même force qu’un audit.

Propos recueillis par Laura Guetta 

  • A retenir : Les grandes entreprises non cotées concernées par l’obligation de reporting :

1) Celles qui réalisent un bilan de 20 millions d’euros

2) Celles qui réalisent 40 millions d’euros de chiffre d’affaires

3) ou qui emploient au moins 250 salariés. Mais le vendredi 9 juin un nouveau seuil a toutefois été proposé pour consultation publique. On parlerait désormais d’un seuil à 750 salariés, une proposition qui paraît déjà plus favorable afin d’apporter des mesures plus progressives à ces entreprises.

Deux de ces trois critères au moins doivent être présents.

Nb : Les PME non cotées en bourse ne sont pas tenues de faire de reporting avant 2027

La CSRD prévoit la mise en place d’un rapport de durabilité. Ce dernier devra contenir des informations précisant tous les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) présentés selon le principe de « double matérialité ». C’est-à-dire que les entreprises soumises à la CSRD devront évaluer, d’une part, les effets négatifs de l’activité de l’entreprise sur l’environnement et l’humain ainsi que les incidences liées à la chaîne de valeur de l’entreprise. D’autre part, il sera demandé d’analyser les risques ESG pesant sur les entreprises d’un point de vue financier.

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