Décideurs. L’économie place de plus en plus au cœur de ses préoccupations les sujets environnementaux et sociaux, portés depuis toujours par Nature et Découvertes. Considérez-vous cela comme une opportunité ou un challenge ?
Frédérique Giavarini. En octobre 2021, nous présentions au conseil d'administration un plan stratégique dont le point de départ consiste à dire que nous devons garder un temps d’avance. Nous évoluons dans un contexte où des pure players du e-commerce et de gros acteurs avec davantage de moyens que nous prennent la parole sur des sujets qui sont au cœur de notre ADN. C’est une bonne nouvelle pour la planète si ces velléités sont suivies d’effets mais, de notre côté, nous devons réaffirmer nos engagements, les rendre visibles pour le consommateur afin qu’ils deviennent le cœur du business.
L’an dernier, votre raison d’être a été retravaillée : "Offrir des solutions concrètes (produits et expériences), à tous ceux qui veulent changer leur mode de vie, pour une écologie de la Terre, du corps et de l’esprit". Concrètement, qu’est-ce que cela change ?
La raison d’être, c’est une boussole. Sa mise en application devient concrète avec le plan stratégique. Non pas qu’avant nous en étions loin mais la nouvelle formulation nous engage à pousser davantage le curseur sur la question de l’offre. Nous avons mis en place un Pôle innovation durable afin de la transformer et de la rendre moins impactante sur l’environnement. Désormais lorsque nos chefs de produits réfléchissent à une offre, ils prennent en compte vingt-sept critères. Comme l’emploi d’essences de bois traçables, l’utilisation de métaux qui ne proviennent pas de conflits, des produits sans plastique pour la petite enfance, etc.
Quel horizon de temps vous êtes-vous fixé pour renouveler votre offre selon ces exigences ?
Nous voulons qu’en 2025 tous nos produits répondent à ces critères d’écoconception. C’est un travail de longue haleine, d’autant que nous souhaitons accompagner nos fournisseurs dans leur transition. Ce n’est pas parce qu’un fournisseur n’est pas capable de répondre aujourd’hui à nos exigences qu’on va le laisser tomber. On doit l’aider à transformer sa manière de produire pour que l’ensemble des acteurs de notre écosystème devienne plus vertueux.
"Nous devons réaffirmer nos engagements"
Avoir accès à ce genre de produits à un coût pour les consommateurs…
Oui, surtout en phase de transition. Relocaliser a un coût, réintroduire des savoir-faire aussi. Mais quand tout le monde sera au diapason, ces produits deviendront moins chers. C’est ce qui se passe avec le bio. Avant, les produits bio étaient bien plus onéreux que les produits traditionnels. Avec leur démocratisation, les prix baissent. Le marché est plus mature.
Vous souhaitez également développer votre offre de services ?
Tout à fait. On voit, notamment depuis les confinements, que les consommateurs se sont recentrés vers leur foyer et davantage vers le développement de l’être que de l’avoir. On a intérêt également, pour l’environnement, à produire moins de volumes. Développer des services va répondre à ce besoin. Cela pourrait passer par exemple par des expériences autour de la découverte de l’artisanat, du bien-être ou de la permaculture, telles que les sorties nature.
Le capitalisme responsable comprend une dimension sociale. Comment est-elle intégrée chez Nature et Découvertes ?
L’humanisme fait partie des valeurs fondatrices de Nature et Découvertes. Il est au cœur de son développement. Le taux d’engagement des salariés oscille entre 82 % et 86 %. L’index d’égalité salariale hommes-femmes est de 99. Et on ne se repose pas sur nos lauriers. L’entreprise consacre 6 % de sa masse salariale à la formation. Nous sommes très attentifs à l’inclusion. En 2019, nous avons signé un accord triennal qui nous engage à doubler nos recrutements de personnes en situation de handicap. Depuis que je suis arrivée en 2021, nous avons également mis en place un accord de télétravail, etc. Nous devons faire vivre ce positionnement historique.
Nature et Découverte fait partie du groupe Fnac Darty. Les deux entreprises se nourrissent-elle l’une l’autre ?
Oui. J’ai la RSE dans mon périmètre pour le groupe Fnac Darty et je vois bien le niveau de maturité sur le sujet de chacune des entreprises. En tant que grand groupe, Fnac Darty répond depuis fort longtemps à des obligations de reporting qui permettent de mesurer ses performances en matière de RSE. Son engagement est certes plus récent mais il est désormais inscrit dans sa stratégie et le groupe a fait bond significatif le sujet. Il est plus structuré que Nature et Découvertes qui est une ETI. La société a cet engagement de durabilité dans ses gènes, dispose d’une expertise sur la biodiversité, mais est moins mûre sur les sujets de gouvernance. Pour y remédier, on a désigné des référents RSE dans chacun des métiers afin de rapprocher le pilotage du terrain tandis que la direction des engagements va jouer le rôle de chef d’orchestre.
Propos recueillis par Olivia Vignaud