Décideurs. Quelle est la genèse de WeCan Group ?
Vincent Pignon. J’ai fondé cette société en 2015 avec l’ambition de servir les acteurs du wealth management grâce à la technologie blockchain. En 2021, nous avons lancé la plateforme WeCan Comply qui est une place de marché entre les banques privées et leurs gérants de fortunes externes, notamment en Suisse. Nous avons déjà rassemblé 13 banques dont les principales sont Pictet, Lombard Odier, Julius Baer ou Edmond de Rothschild et 80 gestionnaires de fortune indépendants. Le but est de gérer leurs documentations de compliance afin de faciliter l’entrée en relation et les revues annuelles entre ces acteurs. En collaboration avec la Blockchain Association for Finance à laquelle nos clients doivent adhérer, nous gérons les standards et la sécurité des outils développés.
Quels sont vos projets en cours ?
Les problématiques de nos clients sont tellement spécifiques que nous avions besoin d’outils qui soient alignés sur leurs besoins. Nous travaillons actuellement sur WeCan Connect, un WhatsApp-like pour la banque privée, ses intermédiaires et les clients finaux.
"L’enjeu principal est notamment de lutter contre la fraude à la transaction ou le phishing d’e-mails"
L’enjeu principal est notamment de lutter contre la fraude à la transaction ou le phishing d’e-mails. Intégré à ses outils, le gestionnaire de fortune verra l’intégralité des communications. Le client final, lui, bénéficiera de l’application sur son mobile pour communiquer avec tout son écosystème (banques privées, gérants, avocats, notaires, conseillers, etc.).
Vous venez de lancer votre token…
En effet, nous l’avons annoncé début juin lors des CryptoDay. C’est un Token qui permet de payer les frais de transaction sur notre blockchain. Nous avons réussi notre première private presale et démarrons un road-show international. À terme, tous nos clients pourraient payer leurs transactions avec le Token, notamment pour utiliser Wecan Connect.
Quelle pédagogie est faite sur ces sujets auprès de vos clients ?
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes s’intéressent à cette technologie sans avoir les fondamentaux et le sujet devient très vite compliqué. Nous avons donc cocréé avec une école française une formation continue de 15 jours sur la blockchain.
Qu’en est-il de la finance responsable ?
Lors de la vente de nos outils, l’un des points de blocage était la partie environnementale de la blockchain. Nous avons donc décidé de créer un programme de recherche avec l’École polytechnique de Lausanne pour comparer les principales blockchains sur trois points : la sécurité, la scalabilité et la consommation énergétique. Au moment de la création de notre propre blockchain, nous avons intégré ces résultats avec l’ambition d’être l’une des plus performantes sur ces trois critères. Les résultats seront rendus publics par l’École polytechnique fédérale de Lausanne via une plateforme dédiée.
Quels sont vos axes de développement ?
Initialement, nous nous étions concentrés sur le segment de la gestion de fortune et des banques privées, mais nous nous ouvrons de plus en plus à tous les autres acteurs du patrimoine, à savoir les avocats, notaires, gestionnaires de portefeuilles, etc. Nous avons également démarré une collaboration forte avec Michel Reybier, un acteur important du luxe, afin d’offrir nos solutions aux clients finaux des palaces, des cliniques privées et des professionnels du luxe. Plus globalement, notre ambition est d’offrir des solutions qui respectent la privacité et la sécurité des données personnelles de manière simple. Nous commençons également à développer l’international, entre autres, la France, le Royaume-Uni, le Luxembourg, Singapour et Monaco, toujours en cocréation avec les acteurs de la gestion de fortune.
Propos recueillis par Marine Fleury