Installée depuis cinq ans dans la Silicon Valley, l’ex-country manager France de Pinterest travaille depuis plusieurs mois au lancement de Lancelot. Une plateforme 3.0 dont la mission consiste à protéger les acquisitions de cryptomonnaies.
Stéphanie Tramicheck ne manque pas d’énergie. L’entrepreneuse à l’appétit insatiable entamait il y a quelques mois une nouvelle aventure, en lançant Lancelot, une plateforme 3.0 qui automatise et protège les acquisitions de cryptomonnaies. La mise en place de sa start-up s’avère être un moyen de se réinventer : "J’étais entrée dans une routine. Là je réapprends des choses. Le parcours entrepreneurial est très difficile, rend très humble. On se prend des baffes tout le temps. Il faut réitérer en permanence. C’est une gymnastique mentale."
Bon ou mauvais timing ?
Dernier vent contraire à affronter ? La tempête traversée actuellement par les monnaies virtuelles. En cause : l’effondrement de FTX, plateforme d’échange de cryptomonnaies qui prenait l’argent de ses clients afin de spéculer pour son propre compte. Un coup de tonnerre qui vient ébranler cette troisième génération du web alors que le développement des cryptos battait son plein et que la blockchain – système auquel elles sont adossées – promettait un niveau d’incorruptibilité sans pareil.
"On peut changer et se redéfinir sans cesse par sa force de travail et son ambition"
"Toutes les données sont conservées dans la blockchain, ce qui donne une impression de transparence, explique la dirigeante. Mais il faut être un codeur pour vérifier comment l’argent circule. L’information est là mais personne ne la cherche car tout est basé sur un système de trust." Or des dizaines de milliards sont traités en permanence. D’où l’intérêt de Lancelot dont la mission consiste à certifier les cryptomonnaies achetées par des particuliers mais aussi des start-up ou des VC. Et ainsi redonner confiance.
Une workaholic
Ces sujets-là étant plutôt récents, Stéphanie Tramicheck n’en a fait son cheval de bataille que sur le tard. Élevée seule par sa mère à Saint-Cloud, l’entrepreneuse estime qu’il est toujours possible de choisir sa voie pour peu qu’on s’en donne les moyens. "Je suis la preuve qu’on n’a pas forcément besoin de grandir dans une grande famille pour réussir. On peut changer et se redéfinir sans cesse par sa force de travail et son ambition."
Stéphanie Tramicheck intègre Télécom Paris. Si à l’époque la jeune femme sait déjà qu’elle n’entend pas devenir développeuse, elle a conscience que cette base technique, couplée à des connaissances en communication et en économie, lui permettra de mener sa barque comme elle l’entend. Elle commence sa carrière comme consultante au sein de Gemplus, ce qui lui permet de travailler sur les premiers services bancaires mobiles avant de rejoindre Alcatel-Lucent où elle s’intéresse aux nouveaux besoins des utilisateurs.
En 2004, les blogs fleurissent. Passionnée de couture et plus largement de do it yourself, Stéphanie Tramicheck lance sa chronique personnelle, avec succès. À tel point qu’elle finit par quitter son travail pour éditer le magazine Détournement de mode. En 2007, l’entrepreneuse – enceinte – estime le modèle développé par la plateforme américaine de homemade Etsy duplicable à sa petite entreprise. De fil en aiguille, Stéphanie Tramicheck commence à collaborer avec Etsy avant de devenir leur première employée internationale et de monter en trois ans un business à 20 millions d’euros en Europe pour leur compte.
Un prisme américain
Celle qui adore travailler pour des boîtes américaines mais sur le Vieux Continent pour y apporter leur savoir-faire rejoint Pinterest, qui cherchait un country manager pour l’Hexagone. "J’ai envoyé mon CV, ma lettre de motivation. J’ai regardé qui était la personne qui s’occupait des recrutements. Je l’ai contactée pour lui dire que j’étais très intéressée, raconte Stéphanie Tramicheck. Quand on veut quelque chose, il faut aller le chercher." Là encore le développement est fulgurant, Pinterest faisant alors figure de modèle en matière de développement de produits centrés autour des attentes des clients.
En 2016, le mari de Stéphanie Tramicheck, également entrepreneur dans la tech, lui propose de rallier la Silicon Valley. Banco. Après quelques mois d’adaptation et de réflexion autour de projets, Stéphanie Tramicheck lance Lancelot. En espérant que la start-up deviendra légendaire.
Olivia Vignaud