Agnès Pannier-Runacher est confirmée par François Bayrou à la tête de son ministère, mais son portefeuille continue sa cure de minceur.
Réduire, Réutiliser, Recycler, trois principes écologiques auxquels le nouveau premier ministre François Bayrou semble avoir décidé de souscrire au vu de la composition de son nouveau gouvernement. Certaines figures rempilent, comme Agnès Pannier-Runacher, Bruno Retailleau ou encore Rachida Dati, tandis que d'autres ont été recyclées : Manuel Valls, Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin.
Un ministère qui continue de se contracter
Une confirmation qui ne se fait pas sans dégâts puisque le ministère d’Agnès Pannier-Runacher perd sa tutelle sur les questions énergétiques, qui seront désormais du ressort de Marc Ferracci, ministre délégué en charge de l'Industrie au ministère des Finances. Celle qui est dorénavant ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche chute également de quelques places dans l'ordre protocolaire, passant de la neuvième à la douzième place.
Un coup de rabot supplémentaire pour un ministère qui ne semble décidément plus être une priorité, à un moment où l'exécutif est à la recherche de la moindre économie. On attendra cependant le discours de politique générale du nouveau gouvernement pour savoir si ces craintes sont fondées.
En attendant, et avec le même esprit de réutilisation que notre nouveau premier ministre, retrouvez ci-dessous le parcours de la ministre, publié à l'occasion de sa nomination en septembre.
Parcours
Agnès Pannier-Runacher a eu l’un des parcours les plus représentatifs des débuts de la macronie. Cette diplômée d’HEC, de Science Po et de l’ENA s’était en effet tenue loin de la politique avant de rejoindre la campagne d’Emmanuel Macron en 2016. Après l’ENA, elle intègre l’inspection générale des finances, puis devient directrice de cabinet de la directrice générale de l’APHP. Directrice de la Caisse des dépôts et consignations à partir de 2006, elle prend la tête du Fond stratégique d’investissement en 2009. En 2011 elle passe dans le privé pour rejoindre l’équipementier automobile Faurecia, avant de repartir à la CDC en 2013. En parallèle, Agnès Pannier-Runacher occupe des postes d’administratrice indépendante dans des sociétés privées, comme la compagnie maritime Bourbon ou l’entreprise de nettoyage Elis.
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Celle qui n’avait jamais élue avant les législatives anticipées de juillet 2024 rejoint le gouvernement pour la première fois en 2018, comme secrétaire d’État en charge de la « reconquête » industrielle. Elle devient ensuite ministre déléguée chargée de l’Industrie entre 2020 et 2022. Lors de l’avènement du gouvernement Borne en 2022, elle récupère le portefeuille de la transition énergétique. Un poste où elle travaille notamment sur les questions de sobriété énergétique et sur la loi de développement des énergies renouvelables de 2023. Lors du remaniement Attal du début d’année, elle devient ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, avec pour mission de l’accompagner sur les questions forestières. Se qualifiant elle-même « de gauche », elle incarne l’une des branches les plus modérées du parti présidentiel.
Une pronucléaire convaincue
Réputée comme une administratrice efficace, elle s’est affichée lors de son passage au ministère de la Transition énergétique en tant que partisane du modèle nucléaire, s’attelant à faciliter le déploiement des six nouveaux réacteurs EPR – actant ainsi le maintien au long terme d’un mix énergétique français basé sur l’énergie atomique.
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Son passage à ce ministère stratégique, alors que la guerre en Ukraine a dévoilé les faiblesses européennes en matière énergique, a toutefois été entaché par de multiples liens familiaux embarrassants. Son père est en effet l’ancien dirigeant du pétrolier Perenco, et ses enfants, pourtant mineurs, étaient actionnaires d’une société basée dans un paradis fiscal dont les fonds étaient liés à Perenco. Elle a été aussi touchée par de multiples conflits d’intérêts avec des sociétés comme Engie, Bourbon ou la Compagnie des Alpes. Le profil de la nouvelle ministre ne devrait donc pas faire l’unanimité, en particulier auprès des acteurs de l’environnement.
François Arias