À 45 ans, Stéphanie Bensimon a connu un parcours fulgurant dans un monde de l’immobilier qu’elle reconnaît pourtant avoir intégré par "un hasard de la vie". Une carrière qu’elle mène aujourd’hui à la tête de l’équipe real estate d’Ardian, de concert avec sa vie familiale et dans la pleine conscience des évolutions du secteur et des enjeux écologiques qui le traversent.

Née à Casablanca et issue d’une fratrie de huit enfants, Stéphanie Bensimon fait des études de finance à Paris-Dauphine, où elle décroche un master. Elle commence sa carrière à 22 ans chez General Electric Capital, dans l’équipe fusion-acquisition qui fait elle-même partie de la branche immobilière du groupe. Elle participe ainsi à l’extension de GE en Europe dans une période où les Américains investissent massivement le marché. C’est sous ce prisme qu’elle découvre le monde de l’immobilier. Elle ne le quittera plus. Après huit ans de service où elle touche à des fonctions d’investissement, d’asset et de risk management sur différents marchés européen, elle en ressort avec une vision à 360 degrés du marché. Chez Cargill, elle découvre une autre facette du métier, "un modèle pur de création de valeur, très opportuniste" . Elle rejoint en 2011 Investco, "une organisation plus structurée, avec 50 milliards de dollars sous gestion". Elle y pilote les marchés français, italien et espagnol et développe une vraie sensibilité aux attentes des investisseurs quand, en 2016, Dominique Senequier, présidente d’Ardian – anciennement AXA Private Equity – fait appel à elle pour participer au lancement de l’activité immobilière.

Sucess-story

Un défi de taille que Stéphanie Bensimon relève avec la confiance que lui a procuré son parcours au sein de sociétés anglo-saxonnes : "Cela m’a beaucoup aidée à me décomplexer, en tant que femme mais aussi dans mon approche professionnelle en général. Si j’avais commencé ma carrière dans la France des années 1990, je pense que cela aurait été beaucoup plus difficile pour moi." Première étape : construire l’image et la réputation d’Ardian dans le secteur de l’immobilier.

"Nous avons imaginé les bureaux de demain, en travaillant sur l'obsolescence, avec une forte empreinte ESG"

Pour Stéphanie Bensimon, cela passe d’abord par le capital humain, combiné à une approche granulaire et locale : "Dès le départ, nous avons recruté des personnes expérimentées, de très grande qualité, avec une connaissance éprouvée des différents marchés. Cela nous a permis d’éviter les erreurs et de connaître un succès rapide, notamment en misant sur des actifs emblématiques." En moins de deux ans, le premier fonds de 750 millions d’euros est lancé, suivi début 2022 d’un deuxième, doté de 1,2 milliard d’euros.

Stratégie et vision

La stratégie portée par Stéphanie Bensimon est également structurée autour d’une compréhension poussée de l’évolution du marché, fondée sur l’expérience utilisateur. Cette approche est pour elle une garantie de la rentabilité de l’actif dans le temps. "Depuis le début, nous avons imaginé les bureaux de demain, en travaillant sur l’obsolescence, avec une forte empreinte ESG. Nous avons ainsi beaucoup investi dans la restructuration d’immeubles iconiques, dans les grandes capitales européennes". En France, on peut citer l’ancien siège de Lagardère Active à Levallois, ou l’ex-siège d’Europe 1, rue François Ier, à Paris. Des projets exemplaires d’un point de vue environnemental, mais aussi conçus pour être modulables, évolutifs, ouverts sur la ville. Preuve de la pertinence de cette stratégie : la revente à un prix record de l’immeuble Rio, à proximité du parc Monceau. La suite ? Élargir progressivement la palette de l’équipe pour répondre à tous les besoins des investisseurs. À l’image de la création d’un fonds de dette immobilière. L’aventure ne fait que commencer.

Antoine Morlighem